Cuisine et tango à Buenos Aires

De grandes avenues bordées d’arbres, de superbes immeubles en pierre, des cafés à tous les coins de rue, des passants nonchalants admirant les vitrines et les belles femmes, des touristes japonais appareil photo au cou, du soleil tous les jours… Paris en été? Non, mieux que ça: Buenos Aires pendant notre hiver.

Depuis la crise économique de 2001, la capitale argentine est devenue l’une des plus abordables au monde et attire les touristes de tous les coins de la planète, venus aussi bien pour goûter du fameux steak argentin, écouter un air de tango ou dévaliser les magasins. Pour se loger, louer un appartement est une façon pratique et économique. Il existe de nombreuses agences et sites Internet proposant toute une gamme de logements, du studio à la villa de luxe. Pour 25$CA par jour, nous avions un 3 ½ confortable en plein cœur de San Telmo.

Promenade gourmande

Buenos Aires, comme toutes les villes, se visite à pied : les différents quartiers intéressants sont regroupés autour du centre. Plus qu’un plaisir, marcher à Buenos Aires devient une nécessité si l’on se laisse un peu trop tenter par toutes les occasions de déguster les bonnes choses qui nous passent sous le nez…
Commencer la journée à San Telmo, un des plus vieux quartiers de la ville, berceau du Tango et repère des antiquaires. Les rues sont encore pavées et les petites boutiques, les passages couverts et le marché du dimanche lui donnent un charme tout particulier. Le matin, devant un journal, vous pouvez prendre un cortado (un café crême) et des media lunas (croissants) au comptoir des nombreux cafés de la rue Defensa. Continuez votre ballade en passant par le Micro Centro, le centre des affaires où toutes les banques se situent. Quelle que soit l’heure de la journée, les cafés et restaurants y sont pleins, à croire que certains employés y ont élus domicile. Vers midi, vous arrivez à la Recoleta, un quartier chic où il fait bon se poser sur une terrasse à l’ombre des arbres. Si vous avez faim, avalez quelques empañadas (chaussons fourrés à la viande) car il n’est pas encore l’heure de manger.

Le cimetière de la Recoleta est un incontournable: lieu de repos de tous les personnages célèbres de Buenos Aires, c’est surtout pour la tombe d’Eva Perron que les touristes affluent. Armez-vous de patience si vous voulez prendre une photo de la tombe sans personne sur votre cliché.

En Argentine, on déjeune entre 13h et 15h. Si vous voulez manger de la viande, vous avez l’embarras du choix, tant pis pour les végétariens. En entrée, une Provoletta, un fromage grillé, ensuite, un Bife de Lomo, un steak tendre à souhait, à peine besoin d’un couteau, arrosé de vin rouge argentin et en dessert, un flan casero avec dulce de leche, un délice. Il est 15h, le restaurant ne désemplit pas, les déjeuners d’affaires ont tendance à traîner en longueur.

Une petite marche pour digérer? Allez tranquillement vers Palermo, ses parcs ombragés, son jardin botanique et ses pelouses invitantes pour faire la sieste. Au réveil, difficile de résister aux nombreuses crèmeries qui offrent des crèmes glacées faites maison. Palermo, c’est le quartier « bobo » de Buenos Aires. Galeries d’artistes, ambiance jeune et branchée qui s’anime surtout la nuit, vous pouvez y repérer quelques bars pour ce soir. Il est 17h, l’heure de sortie des bureaux. Près du centre, le quartier de Congresso se remplit des employés allant prendre un traditionnel verre avec quelques Tablas, un équivalent des Tapas espagnoles, car il faut tenir le coup jusqu’à 21h. Avant ça, il vous sera difficile de trouver un restaurant digne de ce nom ouvert. Les racines italiennes des argentins ne sont pas oubliées et après la viande, ce sont les pâtes et les pizzas qui sont à l’honneur et bien à la hauteur de ce que vous pourriez trouver en Italie.
A ce rythme là, nous avons réussi à prendre 3kg chacun en trois semaines, à croire qu’on ne marchait pas encore assez…

Tango

C’est toute l’âme de Buenos Aires. Impossible de se promener sans entendre un air de tango, de voir des magasins spécialisés, des couples danser sur les marchés, et ce n’est pas seulement pour les touristes.

En direct de la Confiteria Ideal, un club de danse du centre… Une femme rentre, elle porte une robe argentée, ajustée et fendue haut sur la cuisse. Elle s’installe au premier rang à une table entourant la piste de danse. Elle change de chaussures ; ses chaussures de Tango, haut talon et lanière sur la cheville, elle ne les porte que pour danser. Elle est prête, se redresse, lève le menton et scrute la gente masculine avec un air de défi. A l’autre bout de la salle, un homme l’a remarquée, il lui fait un petit signe discret, elle soutient son regard avec un hochement de tête à peine perceptible. Il vient vers elle d’un pas décidé, se penche et tend la main pour l’inviter. Elle se lève, met son bras sur son épaule, sa tête contre sa joue, il referme son bras sur le dos de sa partenaire et ils dansent. Les sets de danse comportent plusieurs morceaux, il a attendu le troisième pour l’inviter sachant qu’il se doit de danser au moins deux morceaux avec elle ; si elle s’avère être une piètre partenaire, il ne sera pas obligé de passer trop de temps avec elle. Mais ça ne sera pas le cas, ils dansent très bien, un véritable plaisir de les voir évoluer. A les regarder, je réalise à quel point cette danse est complexe et que tous les codes et règles non-dites en font aussi partie. Plus qu’un loisir, presque un art de vivre, indissociable de Buenos Aires.

Article paru dans Pax Nouvelles (ex. Express Voyage) le 27 février 2006.

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