En Tanzanie, partir à la découverte des différentes cultures locales permet de sortir des sentiers battus, tout en pratiquant un tourisme solidaire.
Pour bien des voyageurs, la Tanzanie ne rime qu’avec safari, Kilimandjaro et Zanzibar. Il est vrai que les trois piliers du tourisme de ce pays d’Afrique de l’Est forment une vitrine aussi alléchante que rentable, attirant la vaste majorité des 1,3 million de visiteurs annuels, qui fournissent 17% du revenu national.
Cependant, en examinant la carte touristique de la Tanzanie, on se rend vite compte que cette vitrine est aussi incomplète que déséquilibrée. Les parcs nationaux les plus courus (Serengeti, Cratère du Ngorongoro…), le Kilimandjaro et dans une certaine mesure, Zanzibar, se concentrent dans les régions Nord, laissant les deux tiers du pays en dehors de cette manne économique. Les 56 millions de Tanzaniens sont exclus de cette carte postale composée d’animaux sauvages, de sable fin et des neiges éternelles du plus haut sommet du continent. Pourtant, leurs centaine d’ethnies avec autant de langues, traditions, cultures et modes de vie sont tout autant dépaysants et passionnants.
Dans ce contexte, le tourisme culturel semble être une réponse idéale. La diversité culturelle du pays permet de proposer des expériences variées tant sur le plan géographique que sur celui des activités. Les voyageurs sont, par exemple, invités à participer à la récolte du café sur les pentes du mont Méru, expérimenter le mode de vie Masaï au centre du pays, partir à la pêche en dhow (bateau traditionnel à voile) le long de la côte Swahili, entre bien d’autres attrayantes possibilités. On obtient ainsi une multiplication des attraits pour les visiteurs, et un meilleur partage des revenus entre les Tanzaniens.
L’avantage de la mise en valeur des cultures et traditions locales ne se limite pas à la création d’emplois et de revenus. Les gestes parfois oubliés sont de nouveau pratiqués pour satisfaire la curiosité des visiteurs, assurant une certaine pérennisation des traditions. En suscitant l’intérêt, un quotidien qui pouvait sembler banal devient source de fierté. Pour attirer des touristes, un effort environnemental est souvent entrepris. Les produits locaux voient leurs débouchés s’élargir…
Afin de favoriser le développement touristique hors des grands centres, de mettre en avant et pérenniser les cultures locales, le Tanzanian Tourist Board à mis en place une initiative concrète, intelligente et solidaire : le Cultural Tourism Program. Créé en 1996, ce programme soutient, conseille et évalue une soixantaine de Cultural Tourism Enterprises (CTE) disséminées dans le pays, proposant des activités touristiques et parfois du logement. Une des grandes forces de ce programme est d’exiger des CTE qu’elles versent une portion de leurs profits en soutien à la communauté au sein de laquelle elles exercent leur activité. C’est ainsi un village au complet qui se sent impliqué, chaque habitant devenant un ambassadeur de la communauté et mesurant l’importance de chaque visite.
Le programme Uniterra soutient et appuie cette initiative par la contribution de volontaires œuvrant au renforcement des capacités de ces micro-structures touristiques (promotion, marketing, accueil…). De plus, un partenariat avec Village Monde vise à visiter et sélectionner les hébergements des CTE qui répondent aux critères de cet organisme québécois, en termes de tourisme durable et solidaire, pour qu’ils puissent ensuite être ajoutés à la plateforme de réservation en ligne de Village Monde et profiter ainsi d’une visibilité internationale. Ceci est ma mission de septembre à décembre 2017.
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Article paru en octobre 2017 sur le blogue des volontaires du CECI et sur le site des Journées Québécoises de la Solidarité Internationale.