Cusco et la Vallée sacrée

Prendre le train de Puno à Cusco est une remontée dans le temps. La vieille locomotive entraîne des wagons du même age, avec nappe blanche et petite fleur à chaque table, serveur en uniforme, sans parler du service de luxe de la Première classe, avec son wagon panoramique. Le trajet de 425 km se fait en dix heures, c’est à dire trois heures de plus que le bus et surtout beaucoup plus cher, une attraction réservée, donc, aux touristes. Le train prend son temps entre les vallées et les pics enneigés, à une altitude moyenne de 3500m. C’est une journée qui passe doucement, en traversant des villes où s’étale toute une vie le long de la voie ferrée, des marchands de fruits et légumes en tout genre jusqu’aux diseuses de bonne aventure qui lisent les cartes sous des bâches multicolores. L’atmosphère est tranquille, le service irréprochable et la nourriture offerte était bonne, aux dires de nos voisins. De notre côté, des petits pains et des fruits achetés avant le départ nous font économiser quelques dollars.

L’arrivée à Cusco se faisant de nuit, il nous a fallu attendre le lendemain pour découvrir l’ancienne capitale des Incas. Et quelle découverte ! La vieille ville est bâtie sur les restes de l’empire, les murs sont faits de pierres taillées, énormes et polies à la perfection, qui s’encastrent parfaitement les unes dans les autres sans ciment d’aucune sorte. Elles n’ont pas bougé d’un pouce depuis le 11e siècle malgré les tremblements de terre. A ce propos, dans tous les lieux publics, des panneaux indiquent les lieux sûrs en cas de séisme, une réalité de tous les jours: pendant notre séjour au Pérou, deux tremblements de terre meurtriers se sont produits dans le nord du pays. Mais revenons à Cusco, le centre touristique du pays, et à juste titre étant donné le nombre de vestiges, ruines et autres attraits qui l’entourent. Il suffit de se balader dans les rues pavées, à peine assez larges pour les voitures qui vous font sauter sur les mini-trotoirs, pour en apprécier toute la beauté.

Pour visiter la Vallée Sacrée, nous avons pris des taxis collectifs et des minibus de village en village. La vallée est verte, à moins de 3000 m d’altitude, les plantations et les arbres réapparaissent. Ollantaytambo est un très joli village, surplombé par des ruines Incas qui valent le détour. Le système d’irrigation mis en place il y a plus de 500 ans, fontaines, bains, canaux souterrains, est encore utilisé par les paysans et fonctionne parfaitement. Le village lui-même est basé sur des restes Incas. Des ruelles pavées, avec pour chacune un petit canal de pierre, descendent vers la Plaza de Armas où se trouve un marché de produits locaux et quelques comedores (restaurants locaux), voilà le décor. Autre village intéressant, Pisac et son fameux marché où les paysans des alentours viennent vendre ou échanger leurs produits:
fruits, légumes, maïs de toutes les couleurs… Les femmes revêtent leurs plus beaux habits traditionnels pour l’occasion, robes multicolores et chapeau plat. Tellement fameux ce marché qu’il est très couru des touristes et du coup, plus de la moitié est consacré à de l’artisanat touristique: vêtements en Alpaca, bijoux…

Mais le site incontournable du coin reste bien évidemment le Machu Picchu. Réveil à 5h du matin à notre hôtel d’Aguas Calientes (avec vue sur le chemin de fer qui fait office de rue principale) et départ pour une bonne heure de grimpette jusqu’au site, histoire d’arriver à l’ouverture des portes et parmi les premiers visiteurs. Et ça vaut le coup ! On a beau avoir vu des dizaines de photos auparavant, la vue du Machu Picchu, posé sur un plateau au milieu de montagnes couvertes de forêt, est une image inoubliable. Nous avons pris une guide pour comprendre tous les mystères de cette cité qui fut abandonnée au 16e siècle, avant même qu’elle soit achevée, de peur que les Espagnols ne la découvrent. Le secret fut tellement bien gardé qu’elle ne fut découverte qu’en 1911. Elle se divise en trois parties: le coin des paysans avec ses cultures en terrasses qui descendent jusqu’à 400m plus bas, l’endroit de culte et la partie résidentielle. C’est dans ces deux dernières qu’on trouve les constructions les plus impressionnantes avec certaines pierres taillées de plusieurs tonnes ayant jusqu’à 32 angles différents. Le Machu Picchu est entouré de quatre montagnes principales situées à chaque point cardinal. Nous sommes montés sur l’une d’elles, le Huayna Picchu. Très belle vue de la cité, mais non recommandé aux personnes ayant le vertige: il faut monter 200m de marches étroites et glissantes à flanc de montagne. L’après-midi, ce sont des hordes de touristes qui arrivent par bus entier; nous en profitons pour nous reposer sur une de ces a nciennes terrasses, à l’écart de la foule, avec le Machu Picchu en toile de fond. Un moment magique avant de redescendre vers Aguas Calientes, à travers la forêt luxuriante, les vols de perroquets, les bananiers et les oiseaux du paradis. Vous vouliez aller où pour vos prochaines vacances ?

COMMENT ALLER AU MACHU PICCHU ?
Il n’y a pas de route joignant Cusco au Machu Picchu. Perurail, le chemin de fer, a donc le monopole et affiche des prix exorbitantes   : 67 $US prix minimum pour un aller retour Cusco – Aguas Calientes, pour trois heures de train. A titre de comparaison, le trajet Puno – Cusco (10 heures de train) coûte 16$US, avec la même compagnie.

Une autre solution est d’aller jusqu’à Ollantaytambo en bus, puis de prendre le dernier train vers Aguas Calientes, et de revenir par le premier train du matin, à 5h30, ce qui revient à 40$US mais oblige à passer deux nuits à Aguas Calientes.

La dernière option est l’Inca Trail, un trek de quatre jours qui se fait obligatoirement via une agence, avec guide et porteurs. Le coût est d’environ 250$US, mais l’affluence est telle qu’il y a maintenant des quotas pour limiter le nombre de personnes, et en haute saison cela ressemble plus à une procession qu’à un trek.

COUPS DE COEUR A CUSCO
– Le Café Extra : un petit café à deux pas de la Plaza de Armas, rue Espaderos, où on peut déguster un excellent cafe con leche entouré de locaux lisant leur journal ou regardant un match de foot.
– Buen Pastor : une boulangerie – pâtisserie située Cuesta San Blas, avec plein de bonnes choses pour le petit déjeuner, et dont les bénéfices vont à une œuvre de charité pour les enfants des rues.

Article paru dans Pax Nouvelles (ex. Express Voyage) le 7 novembre 2005.

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *